impact de dina sur le relief de l ile !!

Quand on cherche on trouve. Enfin, pas toujours. Samuel Jolivet ne le
sait que trop. Depuis trois ans, ce jeune chercheur de 26 ans vit une
liaison intime avec Dina,
une bombe cyclonique subtropicale. Tout le monde s’en souvient à La
Réunion. Son passage, en 2002, avait mis K.O. le radar de Météo France.
Malgré la casse, 10 heures d’enregistrement furent préservées.
“Ce sont ces données qui ont motivé mon étude, raconte-t-il. Je les ai
moulinées grâce au modèle Méso-NH, un logiciel informatique conçu par
le Centre national de recherche météorologique et le labo d’aérologie
toulousain, pour simuler la vie du cyclone à des intervalles de 4 km.”
Une heure de vie cyclonique simulée implique 10 heures de calculs
informatisés. Température, précipitations, pression atmosphérique...
Tout concorde. Sa méthode est validée. Il peut se concentrer sur la
trajectoire de Dina. Souvent, les cyclones fondent sur La Réunion en
dessinant une parabole. Étonnamment, Dina a sursauté juste avant
d’aborder nos côtes. Le relief de l’île aurait-il influencé sa
courbure ? Samuel étudie la question depuis trois ans : “Taïwan est
comme une barre chocolatée, un mur qui déchire en deux les cyclones qui
la traversent. La Réunion, elle, est un cône qui n’a pas eu la même
incidence sur Dina. L’étude de sa trajectoire, après avoir retiré notre
île, révèle des variations minimes, de l’ordre du bruit numérique.”
Non, le sursaut de Dina serait vraisemblablement dû à une poussée
anticyclonique sudiste. Orage et désespoir ! Ses recherches tombent à
l’eau... Enfin, pas tout à fait. Samuel retourne dans son laboratoire
de l’Atmosphère et des Cyclones. Il s’entête. Le relief a bien une
incidence sur la structure et l’évolution d’une dépression. Les
perturbations naissent dans une mer chaude en profondeur. Les vents qui
passent en surface emmagasinent cette chaleur, cette énergie. L’œil se
forme et grossit. Seul un rafraîchissement ou un passage sur terre peut
l’apaiser. “La Réunion, avec ses 2 500 Km 2, n’aurait pas pu calmer
Dina, assure-t-il. C’est trop petit en surface. Non, c’est le relief
(jusqu’à 3000 m) qui a déformé l’œil du cyclone. En s’approchant, Dina
s’est compressée comme une éponge. La polarité dans l’œil ne jouait
plus de la même manière. Le relief a également attiré sur l’île
l’ensemble des précipitations générées par Dina.” Enfin, une découverte
qu’il devra étayer avant juillet, date de la soutenance de sa thèse. La
semaine dernière, il était à Orlando, en Floride, pour présenter son
travail devant des sommités. Le maître de conférence contractuel est le
premier chercheur à réaliser une étude cyclonique sur l’océan Indien.
“C’est une expérience hors du commun”, dit-il avec modestie. Même si
derrière, il y a l’angoisse de trouver un poste d’enseignant-chercheur