D'une manière général ce qui fait la violence d'un orage c'est sa capacité à organiser et gérer les courants ascendants et descendants au sein de sa cellulle.
L'indice général probablement le plus courant pour se donner une idée de l'instabilité de l'air est la CAPE (convective available potential energy) (soit l'ECPD pour énergie convective potentielle disponible).
En fait plus que cette valeur est importante plus l'air est instable donc si orage il y a , plus ils seront potentiellement violents.
Bien sûr le carburant nécessaire c'est à dire l'humidité. Pas l'humidité que l'on relève quotidiennement avec son hygromètre, mais l'humidité significative entre la surface et 5000m d'altitude.
En admettant qu'il n'y ait pas d'inversion , qu'il n'y ait que très peu ou pas d'inhibition (deux situations qui stabilisent l'air) , l'air très chaud qui monte passe "vulgairement parlant", par le niveau de condensation (creation du plafond du nuage), de la zone sèche à la zone humide (intérieur du nuage) par le niveau de condensation. Plus qu'il monte cet air chaud, plus il rencontre de l'air de plus en plus froid. Plus qu'il y a une différence de température (air chaud entouré d'air plus froid) rien ne l'empêche de monter jusqu'au moment où cet air fini par avoir la même température que son environnement à une altitude donnée.
Ce scénario peut être représenté sur une carte schématisé appelé sondage et dresse ce qu'on appelle un profil vertical de l'atmosphère. la CAPE est alors calculée à partir de ce
différentiel de température par rapport à son environnement et
de l'altitude maximum où on trouvera ce différenciel . Et il faut se dire aussi que cette altitude maximum designe le sommet du nuage. Dans le cas d'un orage, ce différentiel peut se retrouver jusqu'à des altitudes de plus 12km voire plus en zone tropicale et équatoriale.
>> Plus ce nuage atteint des altitudes élevées donc , plus il aura de chance de se retrouver avec des températures fortement négatives. Ce qui par conséquent indique une CAPE élevée.
>> Par ailleurs, plus le différentiel précédemment annoncé est important (c'est à dire plus
l'air de l'environnement est plus froid que celui venant de la surface, prend de l'altitude) plus la CAPE sera élévee également.
Ces deux comportements en fonction de paramètres extérieurs donne alors beaucoup d'indications sur le comportement des courants ascendants et descendants des cellules. et donc sur la prévisions d'intensités des orages. Par exemples des paramètres favorables au développements d'orages violents (dans le cas où l'humidité des basses/moyennes couches est présente) :
Le cas où un forçage en surface existe. Une ligne de convergence, un front froid actif , l'association des deux et/ou des températures de mer très élevées (supérieures à 28/29°C).
Une arrivée d'air froid en moyenne haute altitude (au delà de 5000/6000 mètres), c'est le cas quand un anticyclone d'altitude proche d'un courant jet change la direction classique des vents d'altitude et fait remonter de l'air froid en altitude. Un anomalie de tropopause peut avoir lieu. Le refroidissement de l'air environnant créé un différentiel plus grand par rapport à celui qui prend de l'altitude. Le courant ascendant est donc boosté.
Le hasard où tous ces paramètres soient réunis au même moment donne lieu à des orages particulièrement violents.
Celui que l'on a vécu cette après midi, contrairement à ce qu'on peut penser, peut être considéré comme un orage modéré( météorologiquement parlant !!). La proximité des terres habitées et d'un retour assez rare, des conditions violentes et dangereuses, peut surprendre sensiblement la population, même pendant 1h où tout peut se passer surtout au paroxysme de l'évènement !
EN ce qui concerne MF maintenant , je pense qu'ils ont voulu jouer la carte de la prévention au maximum en jouant sur les mots percutants. Afin de préparer la population de la dangerosité de l'évènement. Bien que météorologiquement parlant ce type d'orage se situe à mi-hauteur de l'échelle d'intensité. Et il est vrai aussi qu'au délà du stade de maturité de l'orage, le courant descendant est largement amplifié par les pentes du relief. Ce qui créé une accentuation des pluies. Mais là on pouvait quand même dire que le courant ascendant était relativement assez fort aujourd'hui puisque les pluies relevés sont restées modérées dans l'ensemble. Et vu le développement plus à l'Est d'une nouvelle cellule en fin d'après midi, après le passage du premier, l'air ne s'était pas stabilisé.
Enfin, La grande disponibilité de cartes sur internet permettait de prédire aisément la probabilité d'orage sur la zone sous le vent. GFS annonçait une CAPE proche de 1500J/kg et une humidité des basse/moyenne couche de près de 80% . Sachant qu'aucune inhibition, ni d'inversion était présente (enfin ça on ne sera pas complètement sûr) , un orage était très probable.
Maintenant un modèle haute résolution tel que (ALADIN) que MF possède bien sûr , des images radar qui ne coupent pas aux moments les plus intéressants, le sondage officiel fait par un ballon sonde, ou encore des images sat haute résolution demi-heures par demi-heures aurait un apport d'informations considérables pour nous simples amateurs !
En tout cas après de nombreux échecs de prévisions ces dernières semaines, la précision a été remarquable aujourd'hui !
Quelques sources d'informations et cartes disponibles sur le net :
visualiser la CAPE prévu par le modèle GFSVisualiser l'humidité des basses moyenne couche (taches de couleurs)Pour en savoir plus sur la CAPE et la correspondance des valeursJe rajouterai dans le post quelques schémas si le post est difficile à comprendre.