- jimdaan a écrit:
- "Ne pouvant plus continuer son déplacement vers l’est ( le relief de notre ile jouant face a elle le rôle d’une barrière anticyclonique clotilda
contourne la réunion par le nord."
pourrait ton m'expliquer comment l'ile joue le rôle d'une barrière anticyclonique?
et pourquoi clotilda a été autant de temps bloqué dans le cirque de cilaos ?
Bonsoir,
Bien que les mécanismes soient très complexes (j'avoue ne pas maîtriser l'ensemble du sujet
), je peux apporter quelques éléments de réponse à ce phénomène.
Tout d'abord ici le terme "anticyclonique" n'a rien à voir avec le phénomène de l'anticyclone que l'on retrouve en région subtropicale. Il faut voir l'île comme une barrière qui s'oppose ou qui entrave le déplacement et la circulation dépressionnaire associée au système.
Pourquoi une barrière ? Tout simplement du fait que ce petit bout de caillou dans l'océan Indien dispose quand même d'un relief qui a le mérite d'être impressionnant et suffisamment imposant pour modifier complètement l'écoulement d'un flux de la surface à 3000m (c'est à dire tout le premier étage des trois de la troposphère)(Un petit détour aussi du côté de
la page faite par le collège Tamarrins de St-Pierre, consacrée à la distribution des vents sur l'île à cause du relief permettra de mieux saisir son impact).
A partir de là quand on sait que les flux d'alimentation d'une dépression (mousson et alizé) soufflent d'abord en surface, on peut comprendre donc que le relief réunionnais est suffisamment imposant pour modifier localement sa structure et/ou le déplacement si bien sûr cette dernière s'y approche de manière significative.
L'interaction entre l'île et Clotilda est un des meilleurs exemples que l'on puisse trouver. Je m'explique en reprenant la carte de trajectoire pas à pas ainsi que les infos météorologiques et leurs interprétations:
Dans un premier temps sa trajectoire se dessinera principalement grâce à un courant directeur de secteur Nord-Ouest.
A partir du point n°4, quand le minimum s'organise au sein d'une vaste zone dépressionnaire de plus de 800 à 1000km de diamètre, le courant directeur faiblit puis devient progressivement nul. L'arrivée d'une large cellule anticyclonique empêche toute évacuation vers le Sud. Les forces autour de Clotilda s'équilibrent mise à part celle de l'anticyclone présent au Sud qui exerce une poussée plus prononcée vers le Nord.
C'est donc un mouvement de dérive vers l'Est-Sud-Est puis Est qui la fera approcher sensiblement des côtes Ouest de la Réunion (
point n°8/9). A ce stade la poussée anticyclonique s'associe à l'approche du relief qui entraîne un basculement progressif du flux de Nord-Est (vu la position de l'antiyclone et du système) au secteur Est.
Ce phénomène de basculement créé des ondulations du flux dans la partie sous le vent du relief. Ce qui, entre le
point 9 et 10, amène le quart Sud-Ouest de l'île à être exposé au vent (un vent de Sud-Est puis Sud ) jusqu'à présent à l'abri. C'est donc un alizé de Sud-Est qui pénétré au coeur du phénomène ! Conjugué à la poussée de l' anticyclone qui commence à faiblir, ce phénomène accentue temporairement sa trajectoire Nord-Est à Nord.
(
Points n°10)Arrivée au Nord de l'île, la configuration géographique du relief (axé Sud-Est/Nord-Ouest) entraîne un flux de Sud-Est. Mais la présence du Massif du Volcan entraîne une nouvelle ondulation du flux au secteur Sud. Ce qui l'empeche d'aller plus loin vers l'Est. En même temps, l'anticyclone commence à faiblir , et ce sont les flux en altitude qui tendent à prendre petit à petit le dessus. Une dérive Sud se déssine.
(
Points nr°11 et 12), le système est très proche de l'île voire quasiment à l'abordage. A ce moment là, une grand partie du courant directeur (composé du flux de surface donc) est coupée par les massifs du Piton des Neiges et de la Fournaise. L'île se retrouvant entre la colonne centrale du système et l'alimentation en alizé. Le courant directeur redevenant faible le mouvement de dérive a pu être variable en fonction de la distribution des vents sur le relief. D'où le blocage dans les cirques.
(
Points 13 et les derniers points), un courant directeur plus insistant en altitude force enfin Clotilda à sortir de l'île et regagner la mer. Par la suite, l'île n'est plus une entrave à son déplacement qui n'est conditionné que par le courant directeur.
Si l'on résume, dans un cas tel que Clotilda, L'île ne se présente pas concrètement comme une barrière car sinon ce système ne nous aurait jamais traversé.
Il faut plutôt en parler comme un paramètre mécanique qui en s'associant , s'opposant ou encore modifiant le flux directeur, change au final sa trajectoire.
Le relief de part sa disposition et sa hauteur possède une distribution des vents particulière à chaque orientation du vent. Mais voilà, une dépression n'est jamais complètement stationnaire et lors d'un rapprochement de l'île, l'orientation du vent change souvent. Ce qui, cette fois encore , conséquence de la géographie de l'île, créé des
phénomènes d'ondulations du flux.
Ces phénomènes peuvent amener des modifications supplémentaires dans la distribution des vents
autour de l'île et finir donc par influer sur la trajectoire finale.
Associés ou Dissociés, ces phénomènes sont donc responsables de trajectoires qui évitent l'île de justesse mais aussi celles qui la traversent.
Le cas de Clotilda réunit en fait ces deux cas de figures !
A+